Primeurs 2017 : Les marques prennent le pouvoir - Les Echos

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06/18/18

Alors que les sorties en primeur pour les bordeaux 2017 connaissent une effervescence depuis quelques jours, certains Châteaux s'imposent de plus en plus comme des marques fortes, indépendamment de l'effet millésime.


C'est une drôle de campagne en primeur qui est en train de se dérouler à Bordeaux. Et cela ne s'explique pas que par les ponts du mois de mai qui, combinés à Vinexpo Hong Kong, ont causé un retard à l'allumage. « Il faut trouver le juste équilibre entre une réputation d'ensemble, moins unanime que pour 2015 et 2016, une quantité parfois en retrait marqué dû aux épisodes de gel du printemps dernier et un marché des livrables extrêmement dynamique », explique Mathieu Chadronnier, directeur général de la maison de négoce CVBG.

Dans ce contexte, certaines propriétés réalisent une percée remarquable. Ella Lister, fondatrice britannique du site Wine Lister qui référence la cote des grands vins, le confirme : « Après un démarrage un peu lent, la sortie de plusieurs top-marques a vraiment lancé la campagne. On assiste à des stratégies différentes mais globalement payantes, entre un lynch-bages sorti à - 22 % par rapport à 2016 et un beychevelle à - 6 %. Mais les marques les plus attractives sont des 'stars montantes' qui jouissent de circonstances favorables pour tirer leur épingle du jeu. »

Travail de fond

Ces « stars montantes » se nomment : Château Calon Ségur (3e grand cru classé, saint-estèphe), Château Pichon Longueville Comtesse-de-Lalande (2e grand cru classé, pauillac), Château Rauzan-Ségla (2e grand cru classé, margaux), Château Canon (1er grand cru classé, saint-émilion), Château Figeac (1er grand cru classé, saint-émilion), ou encore pour l'appellation pessac-léognan, Château Les Carmes Haut-Brion… Qu'ont-elles en commun ? D'avoir pour la plupart toujours produit des vins de renom sur de beaux terroirs, d'avoir parfois connu une période d'assoupissement avant d'être reprises en main par des investisseurs ambitieux et des équipes de talent, qui ont réalisé un travail de fond et propulsé les vins à un niveau de qualité inédit. C'est justement sur un millésime comme 2017 que se fait la différence. « Dans la mesure où l'influence des critiques n'est plus aussi forte depuis que Robert Parker ne note plus les primeurs, et où l'on n'est pas sur un 2015 ou un 2016 où, en quelque sorte, c'est le millésime qui fait la marque, il est évident que certains châteaux se distinguent par leur dynamique propre », précise Mathieu Chadronnier. « C'est valable pour de grands noms en pleine renaissance comme pour des valeurs montantes comme Les Carmes Haut-Brion. »

Calon Ségur est un cas d'école, comme le détaille Ella Lister : « C'est une propriété emblématique mais qui était en sommeil ; elle a été reprise en 2012 par de nouveaux investisseurs qui ont mis en place une nouvelle équipe de direction, avec une politique de prix très intelligente. Ainsi Calon 2017 est sorti à - 3 % seulement par rapport au 2016, mais le 2016 a augmenté de 19 % depuis sa sortie, ce qui fait que le 2017 est en dessous du prix marché de chaque millésime récent. Acheter Calon en primeur, c'est une excellente affaire. » L'analyse pourrait être identique pour Canon et Rauzan-Ségla, propriétés des frères Wertheimer (Chanel). Encore une fois, il s'agit de marques porteuses, dont les vins et l'image bénéficient d'un travail d'il y a plusieurs années.

Reste un cas de figure comme le Château Haut-Batailley (5e grand cru classé, pauillac), récemment repris par la famille Cazes (Château Lynch-Bages) et qui est l'un des rares à avoir augmenté son prix en 2017 par rapport au 2015 - il n'était pas sorti en primeur en 2016. Un signal fort envoyé d'emblée par les nouveaux propriétaires, qui annoncent la couleur : c'est une marque avec laquelle il faudra compter dans les années à venir.

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